ARCHITECTURE 3.0
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Matériau basique de nos bâtiments modernes, le béton s’appréhende aujourd’hui de manière « connectée » en s’ouvrant à un nouveau type de composant : les datas numériques. Il devient ainsi un support d’interaction entre mobilier urbain et usagers de l’espace public, mais aussi et surtout un vecteur de développement des principes de domotique qui dessinent les contours de la ville intelligente de demain.
Grâce à l’intégration directe de puces NFC, le béton est en effet aujourd’hui littéralement en mesure de « parler », comme en témoigne Rolland Mélet, fondateur de la société 360 Smart Connect à l’origine du béton connecté, dont il vante la « compatibilité avec la plupart des smartphones standards et des applications mobiles », et donc la capacité d’interagir avec eux. Cette hybridation technologique offre de nombreuses perspectives : traçabilité du matériau ; renseignement des données techniques complémentaires à celles déjà permises par les maquettes 3D BIM ; maintenance, par exemple auprès des collectivités et de leurs installations techniques. Mais son intérêt principal reste de favoriser une meilleure connexion à l’intérieur d’un bâtiment ou d’un appartement de tous les supports connectés (smartphones, ordinateurs, tablettes) d’un quotidien de plus en plus placé sous le sceau de l’internet de l’objet.
Pour autant, plusieurs problématiques se posent, allant de la multiplication des protocoles propriétaires qui résultera de son développement (on commence déjà à trouver du béton connecté standard sur certains produits béton manufacturés) à la question essentielle de l’instrumentation, c’est-à-dire la capacité de faire remonter sur la durée des informations sur l’état d’un bâtiment, questionnant directement la durée de vie des puces et l’obsolescence de leurs systèmes de lecture. « C’est pour cela que nous travaillons également sur une propriété “connexe” à la technologie NFC : l’Energy Harvesting, explique Rolland Mélet. Celle-ci permet au smartphone d’apporter directement l’énergie nécessaire au fonctionnement des capteurs. C’est très intéressant car le dispositif n’a plus à être alimenté par une pile : c’est donc plus économique et résout le problème du recyclage. »
L’interface privilégiée du bâti de demain
Nul doute en tout cas pour son concepteur que le béton connecté se présente déjà comme l’interface privilégiée du bâti de demain. « Imaginez que chaque banc de votre ville devienne une borne interactive robuste, sans entretien et sans consommation d’énergie », poursuit Rolland Mélet qui se félicite qu’« à partir du moment où l’on facilite l’accès à de l’information et à des services pour l’utilisateur, les applications sont quasiment infinies. C’est la “télécommande universelle”, comme l’a dénommée Pierre Métivier, dans son livre Le Mobile NFC : Télécommande de notre quotidien ».
Par ailleurs, le système se veut complètement autonome et ne nécessite pas d’installer d’applications dans le téléphone. « Celles-ci sont autoportées par le béton et nous permettent de mettre à disposition de nos clients un bouquet de services, développés par nous ou par des tiers, à plugger directement », souligne Rolland Mélet. De quoi rendre le béton encore plus armé, assurément.
Texte : Laurent Catala
Photo : Béton intéractif Taradel : premier site touristique connecté © 360SmartConnect
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