Le château de Villers-Cotterêts, un patrimoine d’intérêt national
Érigé en bordure de la forêt de Retz, dans l’Aisne (02), le château de Villers-Cotterêts, construit à partir de 1532 sous les règnes successifs de François Ier et d’Henri II, repose sur les fondations d’un logis médiéval. Les travaux furent confiés aux frères Jacques et Guillaume Le Breton, maîtres maçons parisiens, et Philibert Delorme contribua au parachèvement de l’édifice, terminé en 1556. André Le Nôtre dessina par la suite l’ensemble du parc, inauguré en 1667.
Logis royal jusqu’à la fin du xviiie siècle, le château fut saisi comme bien national durant la Révolution. L’édifice abrite ensuite une maison de reclus, et au cours du xixe siècle, de nombreux aménagements modifient l’apparence et les distributions d’origine. Entre 1889 et 2014, les lieux abritent une maison de retraite et demeurent ensuite sans usage durant plusieurs années.
Classé au titre des monuments historiques dès 1862, l’ensemble n’est devenu domaine national qu’en 2022. La même année, la forêt de Retz a été labellisée Forêt d’exception. Ainsi, le château royal de Villers-Cotterêts bénéficie désormais d’une reconnaissance à la hauteur de sa valeur patrimoniale.
Campagne de restauration et aménagements
Après un vaste chantier de restructuration, initié en 2020, les portes du monument rouvrent en octobre 2023. Dans une volonté de continuité historique, le château, choisi par François Ier pour promulguer en 1539 l’ordonnance de Villers-Cotterêts, qui rendit obligatoire l’usage du français dans les actes administratifs et juridiques, abrite désormais la Cité internationale de la langue française.
En 2019, le Centre des monuments nationaux (CMN), maître d’ouvrage de l’opération, confie les travaux de restauration à l’architecte en chef des monuments historiques (ACMH) Olivier Weets, et le projet d’aménagement intérieur et de scénographie à l’atelier Projectiles.
Les travaux, conduits en plusieurs opérations, débutent en janvier 2020 par la démolition des cloisons et des aménagements réalisés au xixe siècle, ainsi que par la restauration des toitures et des façades du corps central. Par la suite débutent la restauration des intérieurs exécutés à la Renaissance, notamment des riches décors sculptés, puis l’aménagement scénographique et la requalification des espaces extérieurs et des jardins. Le chantier se termine par la restauration des façades et des toitures des trois ailes réparties autour de la cour des Offices.
L’un des principaux objectifs du projet consiste à partager le site avec la population locale par la création d’un passage à travers les espaces extérieurs. Avec cette approche urbanistique, l’intention architecturale initiale se trouve rétablie. Les habitants de la commune Villers-Cotterêts, tout comme les autres visiteurs, ont désormais la possibilité de traverser librement le parc du château pour se rendre vers la ville, au sud, ou vers la forêt de Retz, au nord. Depuis l’entrée sud, marquée par un grand portail situé sur la place Aristide-Briand, jusqu’aux accès nord du parc, trois passages publics ouvrent désormais l’accès et contribuent à restaurer une porosité entre le château, la ville et le paysage naturel.
À l’intérieur du château, la réorganisation spatiale vise à l’intégration des différents espaces de la nouvelle Cité internationale de la langue française, répartis autour de la cour du Jeu de Paume, qui sert de lieu d’accueil des visiteurs et distribue ensuite les différents pôles d’activités. Ainsi, cette cour devient le centre névralgique du lieu, assurant la distribution du parcours permanent et des salles d’expositions temporaires, la boutique-librairie et les différents ateliers.
C’est également dans cet espace historique que se déploie l’installation artistique « Ciel lexical », geste contemporain intégré au projet de restructuration qui constitue la principale modification de l’architecture du bâtiment. Conçue spécifiquement à l’occasion de la création de la Cité, cette verrière contemporaine, qui abrite désormais la cour du Jeu de Paume, a été conçue par Olivier Weets, puis mise en œuvre par l’atelier Projectiles. À la verrière est suspendu un ensemble de 89 mots, réalisés en métal perforé, qui projettent leur ombre le jour et s’illuminent la nuit.
Parcours muséographique et espaces culturels
Premier lieu culturel d’ampleur nationale entièrement consacré à la langue française, la Cité abrite un parcours de visite, un auditorium et des ateliers pédagogiques. Des espaces de résidence permettent d’accueillir artistes et auteurs dans le cadre d’ateliers spécifiques.
Accessible depuis la cour des Offices ou le perron du jardin de la Reine, l’auditorium modulable de 250 places prend place dans l’ancien bâtiment du Jeu de Paume.
Les différents ateliers sont répartis au deuxième étage du logis central. Les résidences d’artistes sont installées dans les ailes nord et ouest, tandis que les ateliers pédagogiques polyvalents sont positionnés à l’angle sud-ouest du logis.
Depuis l’espace central, formé par la cour et sa verrière contemporaine, le visiteur accède au parcours permanent, situé au premier étage de l’ancien logis royal, qui s’étend sur plus de 1 200 m2 le long des quatre ailes. Les salles, disposées en enfilade, suivent un circuit défini par la distribution historique des pièces du château. Dans un souci de conservation, les murs sont recouverts de cimaises menuisées, détachées du sol et des plafonds, qui servent de supports aux œuvres et aux différents textes des salles. Un projet d’éclairage d’ensemble, élaboré par l’agence 8’18’’, contribue à la mise en relief de ce parcours muséographique, mais aussi de l’architecture du monument historique.
La Cité internationale de la langue française dévoile ainsi une diversité d’activités, réunies dans l’objectif de valoriser la richesse de la langue française et de permettre à un public de tout âge d’en redécouvrir les subtilités.
Fiche technique :
Maître d’ouvrage : Centre des monuments nationaux (CMN)
Architecte en chef des monuments historiques : Olivier Weets
Agences d’architecture : LACAA, Scala, M+O
Économiste : Cabinet Philippe Votruba
Entreprises : bureaux d’études structure (Michel Bancon et Knippers Helbig) ; Bureau d’études techniques (Choulet-ITC) ; Bureau d’études sûreté (Cronos Conseil)
Maîtrise d’oeuvre et scénographe : Projectiles
Entreprises : 8’18’’ (Concepteurs lumières) ; Lundi 8 (Multimédias) ; Cl design (Signalétique) ; Changement à Vue (Équipement scénique) ; Altia (Acoustique) ; TPF ingénierie (Bureau d’études Tous Corps d’État) ; Adéquat (Économie de la scénographie)
Surface : 5 075 m2
Livraison : Octobre 2023
Texte : Cléa Calderoni
Visuel à la une : Sébastien Veronese
— retrouvez la réalisation sur la Cité internationale de la langue française dans Archistorm 124 daté janvier – février 2024