Outre sa volonté de construire sur tous les continents, sa capacité à jongler entre climats, artisanats et géographies, Reda Amalou fait aussi partie de ces architectes qui ont su élargir leur éventail de pratiques, s’attaquant à la création d’objets design et de mobilier. Découverte.
L’architecture, l’architecture d’intérieur, puis le design : voilà, dans l’ordre d’apparition, les trois passions de Reda Amalou. Depuis 1997 – date à laquelle il fonde son agence AW2 –, les œuvres du Franco-Algérien marquent le monde de l’architecture. Pour n’en citer que quelques-unes : l’hôtel de luxe The Nam Hai au Vietnam, le Lycée français d’Amman en Jordanie ou encore, l’éco-lodge « Kasiiya Papagayo » au Costa Rica. Après une enfance passée en Algérie, des études menées en Angleterre – il est formé à la East London University –, c’est finalement en France qu’il s’établit. Et s’il devait choisir entre les trois, c’est bien simple : « Alger pour sa lumière, Paris pour l’élégance et Londres pour la liberté », avait-il répondu lors d’une interview sur France 24. Vous l’aurez compris, Reda Amalou est un citoyen du monde, nourri par la multitude de cultures qu’il croise et qui le surprennent lors de ses voyages. Ainsi, chacune de ses créations est porteuse d’histoires ; qu’il s’agisse d’un souvenir d’enfance, du dynamisme d’une ville ou d’un savoir-faire artisanal. C’est dans ce même esprit qu’en 2013, l’architecte lance sa propre maison « Reda Amalou Design », s’ouvrant cette fois-ci à la conception d’objets et de meubles. « On doit toucher à tout, avait-il rétorqué à France 24. C’est bien de ne pas être dans sa zone de confort, c’est bien de changer d’échelle, c’est bien de se confronter à des choses que l’on connaît moins, à des artisans qui vont partager leur savoir-faire… Tout cela enrichit notre quotidien d’architecte ou de designer. »
Chaque jour, en quête d’une nouvelle émotion
De la construction d’hôtels à la fabrication de bancs, pour Reda Amalou, l’intention est toujours la même : créer l’émotion, rendre hommage à la nature et sublimer la matière qu’il aime texturée, riche et vivante. La preuve, avec le paravent Panama : une pièce unique à travers laquelle le designer ressuscite une nature oubliée depuis plus de cent ans. « Le bois de noyer utilisé vient d’une forêt sous-marine (submergée par les eaux du lac Gatún, l’un des plus grands lacs artificiels au monde, ndlr) créée lors de la construction du canal de Panama, explique-t-il. Je trouvais que cette matière avait une telle histoire qu’il ne fallait pas la transformer en un objet de ‘tous les jours’, mais en quelque chose d’exceptionnel. » Impossible de présenter l’univers Reda Amalou sans évoquer sa collection DOT – sa « marque de fabrique », en quelque sorte – : cette interprétation contemporaine du tabouret asiatique traditionnel révèle parfaitement l’attrait du designer pour le style minimaliste, grâce à une ligne pure et fluide. « La laque qui le recouvre est d’ailleurs faite à la main en Asie, par des artisans avec lesquels je travaille depuis de nombreuses années, précise-t-il. C’est une sorte de lien entre l’Asie et l’Europe finalement. » Comme pour tant d’autres pièces, l’équilibre de ce tabouret – audacieusement revisité – le rend intime, voire familier. Une proximité qu’il est d’ailleurs possible d’explorer à la Secret Gallery. À l’occasion de la Design Week à Paris, Reda Amalou y présente jusqu’au 24 février une sélection de pièces d’exception, telles que du mobilier gainé en galuchat, de la marqueterie de paille, ainsi que des meubles en marqueterie de coquille d’œuf. Une exposition qui promet d’impacter, d’animer les esprits. Mais à l’image de son artiste, autrement dit, tout en modestie.
Texte : Ana Boyrie
— Retrouver l’article dans Archistorm 125 daté mars – avril 2024