Derrière FRESH architectures se trouvent trois architectes, Julien Rousseau, Ulisse Gnesda et Luca Battaglia. Chacun formé au sein d’agences de renom, ils ont souhaité réunir leurs différentes expertises pour forger l’architecture de demain. L’agence naît en 2007, dans cette ambition de transmettre et d’offrir un espace de liberté où chacun peut s’épanouir. De petite à grande échelle, de l’hôtellerie au logement social, les projets sont choisis pour leurs enjeux sociaux, environnementaux et urbains, avec un intérêt particulier pour la réhabilitation. Pour notre rencontre, le trio fondateur a souhaité se mettre en retrait pour laisser la parole à cette relève prometteuse, dont les projets reflètent la vision de l’agence, empreinte de liberté et d’audace.

Quand Julien Rousseau, Ulisse Gnesda et Luca Battaglia créent FRESH, l’idée de transmission s’impose comme élément fondateur. Le nom de l’agence, différent de celui des associés en est la première manifestation. L’ambition est de construire une structure au sein de laquelle chacun et chacune peut s’exprimer à égalité, proposer des initiatives et échanger. Aujourd’hui, l’agence regroupe près de 50 collaborateurs, encadrés par sept directeurs de projets et trois nouveaux associés : Marion Legrand, Stéphane Pereira et Julien Faure. Mais pour découvrir la philosophie de FRESH architectures, nous nous entretenons avec trois jeunes talents : Inès De Bufala, Pierre Fournet et Océane Tabart. Arrivés il y a moins de quatre ans, ils sont à la tête de trois projets emblématiques, qui révèlent aussi bien leurs personnalités que les caractéristiques de l’agence.

© Juan Jerez

Roquebrune-Cap-Martin par Pierre Fournet

« Pour ce projet, ancré dans une topographie méditerranéenne, Fresh architectures s’est appuyé sur les spécificités de l’environnement afin de proposer une approche architecturale cohérente centrée sur la qualité de vie des futurs occupants. Les logements bâtis sur ce terrain en pente compteront vue sur la mer et la montagne », explique Ulisse Gnesda

Ce projet auquel Pierre Fournet participe témoigne également de l’expertise de FRESH architectures en matière de redéfinition d’espaces déjà construits. Lauréate du concours, aux côtés des confrères Sophie Delhay et Petit Didier Prioux, l’agence a proposé une vision différente de la réhabilitation, en transformant une ancienne caserne de près de 35 000m2 en logements, bureaux et commerces.

« L’enjeu principal était la coordination avec les autres agences » raconte l’architecte. Cette capacité d’orchestrer a permis de créer une vision architecturale commune tout en préservant l’identité de chaque acteur et celle de l’environnement. En mutualisant les idées, les outils de travail, il a été possible de répondre aux problématiques liées au site. Une attention particulière a été mise sur l’orientation solaire, sur son évolution dans le temps mais aussi sur les paysages sur lesquels les logements s’ouvrent, évitant ainsi tout vis-à-vis. Une véritable volonté d’inscrire l’architecture dans une vision neuve et respectueuse de l’environnement se fait ressentir. « Ce sont de grands points que nous avons voulu défendre et que nous continuons de défendre auprès de nos clients » raconte Pierre Fournet. A travers la coordination, d’autres sujets ont ainsi pu être traités, amenant à des moments d’échange, de compréhension des attentes de chaque parti. « Cette écoute est spécifique à l’ADN de FRESH architectures. Il faut savoir mettre son ego de côté, multiplier les échanges pour aboutir à une solution d’ensemble », nous confie-t-il.

 

L’Hyperfabrique de Pantin par Inès De Bufala

« Nous avons toujours eu l’idée de construire en cœur de ville. Soit sur soi-même, soit sur une friche, pour éviter d’aller construire sur des terres vides » nous explique Julien Rousseau. Le projet que présente Inès De Bufala révèle également cette habilité à construire sur de l’existant et à jumeler différents acteurs dans un même projet. Fraîchement sortie de l’école, Inès débute son expérience chez FRESH avec ce concours atypique, il y a près de deux ans. Il s’agit d’un programme mixte comprenant trois entités : 74 logements, l’atelier de l’artiste Fabrice Hyber et une extension de l’école des Beaux-Arts de Nantes St-Nazaire. Si la coordination entre chaque acteur a été essentielle, c’est la conception du projet qui le rend particulier. « Nous voulions créer un dialogue entre les trois programmes tout en maintenant une part d’intimité », explique Inès De Bufala. Car c’est un lieu de flux où se rencontrent les étudiants de l’école et les habitants des logements. Pour répondre à cette problématique, les curseurs de l’environnement ont été repoussés. « Le projet est fait en quatre bâtiments qui gravitent autour d’un cœur d’îlot végétal et d’un parvis central accessible à tous. ». Originale, cette réalisation sur laquelle travaille la jeune architecte, étend la réflexion architecturale au-delà d’idées et d’approches préconçues et propose une solution créative et inattendue, aussi bien architecturale qu’urbaine.

© Juan Jerez

L’hôtel Bordelais par Océane Tabart

Installée à Bordeaux, Océane Tabart fait partie de la nouvelle antenne de l’agence créée il y a maintenant près de cinq ans. Forte de son engagement pour la durabilité, elle insuffle une réflexion autour de ces questions à l’agence. Elle développe ces problématiques au travers de chantiers participatifs et d’événements associatifs dont l’objectif est de diffuser la construction responsable, de s’interroger sur les ressources, les matières premières, la provenance. Le projet hôtelier sur lequel Océane travaille, porté par Julien Faure, confirme ce nouveau dynamisme, que la ville de Bordeaux suit également avec le Label Frugal Bordelais. « Ce label invite les architectes à penser différemment les espaces pour s’insérer de façon respectueuse vis-à-vis de l’environnement et de l’architecture de la ville », détaille Océane Tabart. L’hôtel a donc été conçu à deux échelles.

D’une part, l’insertion dans le site en s’inspirant de l’architecture des échoppes bordelaises. La façade met ainsi en avant la pierre massive, un matériau biosourcés qui peut se renouveler dans le temps et être réutilisé. Cette question de façade amène à réfléchir sur le lien entre l’hôtel et l’espace urbain. « Nous avons voulu apporter un espace vert aujourd’hui si recherché dans la ville. Ouvert sur la rue, nous avons imaginé un vaste porche au cœur de l’îlot pour que les clients mais aussi les habitants puissent en profiter », explique l’architecte.

D’autre part, une attention particulière a été portée à la qualité de l’expérience des futurs occupants des chambres. « Nous essayons de travailler en respectant l’environnement tout en faisant une architecture qualitative », raconte Océane Tabart. L’édifice étant en longueur, la plupart des chambres sont traversantes, favorisant ainsi la ventilation naturelle. Pour protéger des nuisances sonores, elles s’ouvrent vers le cœur d’îlot et bénéficient alors de la végétation. Quant aux occultations en stores à projection, elles assurent confort en été, protégeant des fortes chaleurs. Les questions écologiques animent la jeune architecte qui les intègre dans chaque élément d’un projet, quel que soit son programme.

L’énergie et l’enthousiasme de ces trois jeunes architectes sont palpables, nourris par la confiance que leur ont accordée les fondateurs de FRESH architectures dès leur arrivée. « En sortant de l’école, on n’a pas forcément d’expérience, et pourtant nous sommes tout de suite chargés de projets importants » se confient-ils. Accompagnés par une équipe et les directeurs de projets, ils bénéficient de tous les éléments pour apprendre et gagner en assurance. Cette approche favorise une véritable liberté de création et permet à force d’échange et de partage, de concevoir des projets novateurs et ancrés aux réflexions actuelles.

 

Texte : Louise Conesa
Photo à la une : Juan Jerez

— Retrouvez l’article dans archistorm 127 daté juillet – août 2024