TETRO IN SITU
Par le biais de son nouveau pôle IN SITU, l’agence TETRO entend intégrer l’art dans l’architecture pour le mettre au service de nouveaux imaginaires.
Fondée il y a huit ans par Matthieu Debay, l’agence TETRO a été créée avec l’ambition de croiser la culture et les marques, des domaines encore relativement frileux l’un envers l’autre à cette époque. Au départ, l’échelle événementielle a été priorisée. Il s’agissait surtout alors de penser la mise en scène de ces marques lors de salons ou d’inaugurations à travers une dimension artistique forte. Cette intégration du champ artistique est dans l’ADN de TETRO grâce à son propre « bac à sable artistique » : le pôle TETRO + A qui accompagne les artistes dans leurs projets créatifs et diffuse des oeuvres dans le monde entier. Cette fibre créative a permis plusieurs réalisations assez surprenantes, comme l’installation monumentale sur le parvis de l’Hôtel de ville de Paris pour Samsung au cours de la Nuit Blanche 2014 ou la canopée de coquelicots designée pour Kenzo durant la Fête de la musique 2016. Plus récemment, c’est l’installation audiovisuelle/LED interactive Nautilus au National Center of Performing Arts de Pékin qui a marqué l’actualité.
En corollaire, TETRO s’est naturellement intéressé à des projets de création plus pérennes, en lien avec les villes et l’architecture. Cet autre axe fort a conduit au lancement il y a quelques mois du dernier né de la famille, le pôle TETRO IN SITU, désireux d’« intégrer l’art au cœur de l’architecture pour renouveler les imaginaires de ceux qui la vivent ».
« Nous nous sommes aperçus que la ʺméthode TETROʺ d’insuffler une patte créative à un projet fonctionnait aussi bien sur le temps long », explique ainsi Matthieu Debay. « Le fond reste identique, c’est la forme qui varie. Les étapes sont les mêmes : concevoir un projet en accord avec l’ADN du lieu, catalyser les talents pour former une équipe sur mesure, donner naissance visuellement au concept et enfin, le produire et l’intégrer in situ. »
Mais derrière la force esthétique de ces dispositifs, l’idée essentielle qui se dévoile est bien celle de réfléchir au renouvellement de tous ces espaces de flux qui nous entourent, dans les lieux publics et les ensembles architecturaux, en les ouvrant à de nouveaux imaginaires, portés notamment par les œuvres numériques, audiovisuelles ou interactives, ces nouvelles scénographies technologiques de notre temps.
Ces œuvres devant résister à l’usage du temps et du flux quasi H-24 pendant une bonne dizaine d’années, le challenge technologique était très fort », précise Matthieu Debay. « Mais la priorité est donnée à la vision de l’artiste. Les nouveaux médias ouvrent de nouvelles perspectives et doivent rester au service de la créativité. Nous nous intéressons donc aux contenus qui peuvent être renouvelés à l’envi pour véhiculer un nouveau message, une atmosphère différente, par exemple entre le jour et la nuit ou selon les saisons. On peut tout anticiper en programmant ou faire réagir en live. On peut même imaginer de créer du contenu singulier et personnalisé pour une expérience très individuelle. En fait, tout dépend du lieu, de ce qu’il veut raconter, de ce que l’on veut lui faire dire et de ce que les visiteurs doivent y ressentir. Nous nous émancipons des effets de mode pour imaginer des espaces qui échappent au temps. »
Une ligne intemporelle qui s’articule et préfigure en tout cas très bien la ville intelligente de demain, celle où la technologique numérique et domotique omniprésente devra inévitablement se fondre dans des environnements propices à l’homme, et donc à son imaginaire.
Texte : Laurent Catala
Visuel à la une : © B.FLORENÇON