ART ET ARCHITECTURE
LUMA À ARLES : MINECRAFT GRANDEUR NATURE
Ouverte le 26 juin 2021, la Fondation Luma d’Arles est un centre culturel massif de 11 hectares, inscrit au cœur de la ville qui rayonnait jusqu’à présent grâce aux Rencontres de la photographie, et se voit donc dotée d’un nouveau phare de la culture. Visite.
Le Parc des Ateliers est une oasis dans la cité arlésienne. Il comprend plusieurs bâtiments, dont la Tour et un parc paysager. La construction de la Tour de Gehry, pièce maîtresse du campus, a commencé en 2014. D’une superficie de 15 000 m², elle est haute de 56 m et recouverte de 11 000 panneaux en acier inoxydable. Dans un jeu de textures et de matières inédites, elle abrite des galeries d’exposition, des espaces de projet, des installations de recherche et d’archivage, un auditorium et un café, ainsi que des ateliers et des salles de séminaire.
« Nous voulions évoquer l’ancrage local, depuis La Nuit étoilée de Van Gogh à l’émergence des blocs rocheux des Alpilles. La rotonde quant à elle fait écho aux arènes romaines », souligne Frank Gehry. Cette rotonde, au pied du bâtiment et sobrement appelée le Drum, assoit la Tour. Tel un socle muséal, il lui donne toute sa dimension sculpturale et offre à l’intérieur une luminosité panoramique.
Dans la Tour, la circulation est labyrinthique. Des méandres d’escaliers et de patios obstruent la vue. Au détour des blocs et des courbes, plusieurs artistes sont intervenus : Philippe Parreno, Rirkrit Tiravanija, Etel Adnan, Carsten Höller, Liam Gillick et Ólafur Elíasson.
L’intervention la plus ludique et la plus digne des délires minecraftiens est sûrement celle de Carsten Höller, qui profite de la hauteur de deux étages pour son installation Isometric Slides. Ce double toboggan est « une sculpture à l’intérieur de laquelle on peut voyager », commente d’ailleurs l’artiste.
Au niveau 1, dans l’auditorium, Etel Adnan signe Dans la forêt, une fresque murale en céramique qui couvre un mur d’environ 14 m de long sur 4 m de haut. Comme des arbres sous l’influence du vent, la fresque reprend quatre dessins au feutre de l’artiste. L’évocation des mouvements propres à la peinture de Van Gogh est indéniable, et la stylisation de la nature est effectuée avec des couleurs particulièrement vibrantes.
Au niveau 2, c’est avec l’installation immersive de Liam Gillick, Laguna Gloria, que nous pénétrons dans l’univers fantasmagorique de l’artiste. Pour réaliser sa jungle intérieure, il a déployé dans cet espace transitoire et multi-usage un panorama d’images extraites de son film de 2013, Margin Time 2 (The Heavenly Lagoon).
À noter : les étages 3 à 9 de la Tour (dont la terrasse) ne sont pas accessibles à la visite pour le moment. Une frustration qui est certaine, car l’ascension qui nous mène jusqu’à l’œuvre Take your Time d’Ólafur Elíasson est coupée dans son élan. Cette installation in situ est un grand miroir circulaire qui tourne, fixé de biais sur son axe. Un jeu de miroir et de perspective qui complexifie l’architecture environnante par un jeu d’inversion et de décalage déstabilisant.
Comme un mirage vidéoludique, le complexe artistique de Maja Hoffmann est un immense terrain de jeu de l’art contemporain. Les interventions d’artistes en extérieur créent également un parcours atypique dans cette mini-ville utopique qui promet de devenir un nouveau carrefour de la création.
Texte Camille Talent
Visuel à la une Vue extérieure de La Tour imaginée par Frank Gehry, janvier 2021. LUMA Arles, Parc des Ateliers, Arles © Adrian Deweerdt
Retrouvez l’article Art et Architecture sur Luma à Arles : Minecraft grandeur nature, dans Archistorm daté novembre-décembre 2021