Max Hooper Schneider (né en 1982 à Los Angeles) vit et travaille à dans cette ville. Diplômé en architecture du paysage à l’université Harvard, il développe une pratique artistique qui se déploie dans les champs de la sculpture et de l’installation, prenant souvent l’apparence de paysages où l’humain aurait disparu.
« Les biens de consommation que l’on met à la poubelle sont les restes non charismatiques de l’économie du jetable pratiquée par la société capitaliste. »*
Le monde que donne à voir Max Hooper Schneider s’apparente à un îlot exotique de déchets bien agencés. À la manière d’un septième continent** miniature, son installation au musée Hammer de Los Angeles présente des paysages remplis d’éléments naturels colorés et parsemés d’artefacts nouveaux ou récupérés dans la nature.
Cette « autopsie du présent, comme l’artiste aime à l’appeler, ne cherche pas à représenter un système donné ou un imaginaire de la nature, elle est la nature elle-même. »
Pour son exposition à la galerie Jenny’s en 2018, Tryouts for the Human Race, Hooper Schneider a créé quatre mondes miniatures : une maison de poupée, un train miniature et deux aquariums (un d’eau douce et un d’eau salée). Chacun est un diorama dense, une surcharge complexe de choses, avec un certain degré d’animation interne, des poissons vivants aux voies ferrées.
Les quatre œuvres de l’exposition jouent entre l’inorganique et l’organique. Deux d’entre elles ont un mélange d’écume, de boue et de paillis monté sur des tables usinées avec précision. Utopia comporte une rangée de trois wagons surmontés d’argile rose. Leur circuit aux allures de train fantôme post-humain fait deux ou trois boucles dans un paysage plein de pustules, de boutons, d’épines et de glandes de résine.
« Mommy & Me est vraisemblablement un biome post-catastrophe assiégé par le feu. »
Mommy & Me est un manoir noir de deux étages qui regorge de décors. Dans le jardin, à côté d’un palmier en décrépitude et d’un petit tas de parpaings, se dresse une guillotine ensanglantée. Des poupées sont accrochées dans les chambres à coucher et chaque pièce est inondée de lampes allumées, d’animaux errants, de racines tordues et de masses d’os et de fragments de bois.
Ainsi, Max Hooper Schneider dessine au gré de ses installations la dystopie d’un monde – aussi miniature soit-il – dont nous sommes aux prémices.
* Toutes les citations sont de l’artiste. Traduction de l’auteur.
* Le septième continent est un des noms donnés au vortex de déchets du Pacifique nord.
Texte : Sébastien Maschino
Visuel à la une : Birdcage, 2022. Vintage birdcage, custom upholstered table, vintage neon signs, preserved seaweed, found beach artefacts, resin, 64. 5 x 60 x 46 cm / 25 3/8 x 23 5/8 x 18 1/8 in.