Le dessin d’architecture a toujours fait son chemin chez Diane Berg. Elle raconte ses histoires dessinées d’architecture depuis bientôt 15 ans et sourit à l’idée de collaborer encore et toujours avec les équipes projets pour cocréer, à force d’échanges, des espaces humains qui aient du sens. Elle pourrait désormais choisir de se consacrer à sa méthode qui rencontre aujourd’hui un franc succès mais Diane Berg bouillonne d’une envie de constante d’évolution comme si s’arrêter sur un style signifiait couper l’oxygène d’une architecture qui prend vie tout en poésie sous son crayon.
Diane, vous vous définissez comme une illustratrice-architecte et proposez des histoires dessinées d’architecture. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Cette définition correspond finalement à mon parcours. J’ai eu un déclic dès la préparation de mon diplôme d’architecture à Bordeaux. J’ai commencé à beaucoup dessiner un seul et même site exceptionnel du Pays basque espagnol. J’ai dû le dessiner entre cent et deux cents fois. Il s’agit de ma première histoire dessinée d’architecture.
Je trouvais qu’il y avait un moyen de représentation un peu différent de ce que l’on avait l’habitude de faire à l’époque. Je me situais entre l’architecture et le dessin. Il m’a fallu deux bonnes années pour me dire que, peut-être, je pouvais faire quelque chose en associant ces approches.
Mon impulsion a davantage suivi une envie personnelle de narration de projets, qu’une réelle attente du secteur. L’histoire dessinée d’architecture n’existait pas, à mon sens, à ce moment. Nous étions quelques-uns seulement à dessiner. Je pense à Martin Etienne, L’œil du pigeon, Eva Leroi… Le dessin a bien diffusé depuis ! Il apporte une sensibilité, une poésie à l’architecture. Il retranscrit l’expérience humaine de manière beaucoup plus riche qu’un effet photographique finalement assez froid.
Vous avez un traitement de la couleur bien à vous. Comment abordez-vous ce sujet ?
La couleur est pour moi un énorme et continuel questionnement. Pendant des années, je n’ai fait que des dessins en noir et blanc, ou bien j’ajoutais une seule teinte. La couleur est pour moi assez nouvelle mais également multiples car je peux utiliser la tablette comme de l’aquarelle ou des crayons de couleurs.
Je ne veux pas répéter un même style car il y a un champ des possibilités trop infini à explorer pour ne rester que sur une méthode. J’essaie par exemple actuellement de gommer un peu le noir qui était très présent dans mes dessins jusqu’à peu.
Quel a été votre premier contact avec la notion d’architecture ?
Mon premier souvenir d’architecture est une belle rencontre avec des églises toutes blanches, très épurées, lors d’un voyage en Autriche. Je les ai trouvées sublimes, alors que je n’avais pas de culture architecturale. J’avais environ 12 ans et la découverte de ces églises a vraiment été une révélation.
Quelle serait votre architecture idéale ?
Ce serait un espace sans mur ! Plus nous sommes plongées dans le paysage, plus je trouve cela beau. Le sujet de mon diplôme d’architecte était d’ailleurs la conception de logements qui projettent vers l’extérieur.
Existe-t-il une figure de l’architecture que vous aimeriez saluer à travers cette interview ?
L’approche de l’architecture par le dessin de Tadao Ando me touche particulièrement. Son travail est extraordinaire car on y retrouve une sensibilité et une beauté. Son histoire est également fascinante : ancien boxeur, il est devenu architecte.
Interview : Annabelle Ledoux
Visuel à la une : Concours gagné pour la Schleuchtaus pour l’agence, 2001, Luxembourg
— retrouvez l’article dans Archistorm 126 daté mai – juin 2024