Agence bordelaise aux terrains d’intervention multiples, taad s’empare, questionne et déploie ses projets avec la volonté farouche de ne pas laisser le métier d’architecte se délester de quelque savoir-faire qui lui est inhérent, car c’est, pour l’équipe, la seule manière d’assurer la qualité d’usage de l’architecture.
Extraits d’interview
Interview de Anne Dumesnil et Pascal Teisseire, Architectes Associés dirigeants
Quelles sont les grands fondamentaux de taad ? Quels sont ses points de différenciation ?
Anne : Notre approche consiste à mener un projet architectural avec la même intensité à chacune de ses étapes (conception d’abord, réalisation ensuite). Il s’agit d’un élément central de l’approche de taad. Dès le démarrage d’un projet et le lancement de nos réflexions, nous portons une attention particulière à ne rien écarter pour apporter ce qui est pour nous la meilleure réponse à la problématique confiée : la qualité architecturale, l’économie du projet, le choix des techniques et des matériaux… Cette démarche attentive nous permet d’intégrer les sujets environnementaux et les questions d’usage ou encore ceux plus contextuels du projet. À son achèvement, celui-ci n’est pas dominé par sa seule plastique, mais bien par l’ensemble de ces éléments pris en compte.
Par ailleurs nous orientons nos recherches vers une conception écoresponsable et plus frugale dans laquelle la mutation, la réhabilitation, la restructuration ou l’extension de bâtiments existants sont privilégiées. Contenir l’étalement urbain, réduire notre impact environnemental en utilisant moins de matériaux transformés, avec moins de flux pour les transporter, retrouver les savoir-faire nécessaires à une réhabilitation authentique, réutiliser l’existant sont les premières des démarches durables vers lesquelles nous voulons orienter nos projets.
Pascal : Nous avons le goût de la plastique et de l’esthétique des bâtiments. Notre culture et nos goûts interviennent naturellement dans notre manière de penser, dans les expressions architecturales de nos projets. Toutefois, nous privilégions des réponses architecturales qui s’attachent à une résolution juste de problématiques concrètes.
Nous concevons l’architecture comme un système de pensée, une pensée en œuvre qui va aboutir à quelque chose de très matériel, construit, qui va nous échapper pour être livré à des utilisations, au climat, à un environnement dans toutes ses composantes.
Proposer une architecture que l’on vit, que l’on pratique
Malherbes, Latresne (33)
Construction neuve au milieu des vignes, le nouveau chai-cuvier du château de Malherbes est composé de quatre fonctionnalités majeures : cuviers, chais à barriques, stockage des bouteilles et hangar agricole.
À ces lieux dédiés à la production vinicole sont associés des espaces d’accueil des visiteurs tels qu’une boutique des vins, des salles de dégustation et de réception ou une terrasse panoramique. Des locaux de services (bureaux, locaux du personnel, sanitaires, espaces de stockage divers et locaux techniques) complètent l’ensemble.
Imprégnée de la culature du château de Malherbes et des pratiques vinicoles, l’équipe de taad a choisi de tirer parti de la pente douce du terrain naturel pour l’organisation spatiale de ces éléments offrant une promenade architecturale au cœur d’un ensemble, bâti et paysager, dédié au vin.
Traiter les limites et l’entre-deux
Ardillos, Mérignac (33)
En 2018, 500 nouveaux logements voient le jour au sein du quartier des Ardillos à Mérignac, dans le cadre d’une opération de renouvellement urbain. Une façade rythmée alliant métal, bois et béton prend vie au rythme des usages requis par les besoins des habitants.
Ici, des balcons tournés vers le parc s’organisent gracieusement, s’invitent de manière ludique tout en sachant se fondre et se faire oublier. Là, une façade se fait coursive et permet de desservir tous les logements comme de proposer cet entre-deux à vivre cher à l’agence taad.
L’esprit du lieu est dominé par la création d’un vaste parc accessible à tous les habitants du quartier, aux passants ou aux promeneurs et voisins des Ardillos. Des cheminements piétonniers
s’infiltrent dans le paysage et permettent d’accéder aux logements dans un cadre des plus apaisants où nombre de grands arbres existants ont pu être conservés.
Composer avec le paysage
Les Akènes, Lormont (33)
Pour le nouvel écoquartier des Akènes, taad a choisi de s’inspirer des principes de la ville historique pour réorganiser l’ensemble en un îlot constitué par sa périphérie et par l’ouverture de césures ouvrant vers un vaste parc central créé à l’occasion du projet.
L’équipe s’est ensuite attachée à proposer une variété d’architectures, de formes, de matières et de couleurs pour enfin insuffler l’esprit et les bénéfices des écoquartiers grâce à la création d’un intérieur d’îlot paysager, accueillant des activités de proximité partagées (aires de jeux, aires de repos, jardins familiaux, etc.). Protégé des bruits de la ville, l’îlot est fertilisé par son système de gestion des pluies. Une séparation claire des espaces dédiés aux automobiles (quasiment bannies du site), aux piétons et aux cycles a également été instituée.
Révéler la culture de chaque client
Maison arp, Lège Cap-Ferret (33)
C’est à la pointe de la presqu’île du Cap-Ferret, dans un cadre paysager exceptionnel, que la maison ARP a vu le jour en 2013, pour offrir un écrin à vivre, à la fois paisible et joyeux. Proposant une architecture contemporaine, la maison de vacances tire le meilleur parti de son environnement et intègre chaque élément de la topographie naturelle du site pour en faire un atout.
Entièrement revêtue de liteaux en Douglas massif, la maison se laisse peu à peu découvrir. Un volume simple accueille, à rez-de-chaussée, résidents et hôtes dans une grande pièce à vivre très ouverte sur le paysage grâce à une baie vitrée occupant la totalité des façades sud et est. Un second volume, intégrant un niveau supplémentaire, rassemble chambres et pièces d’eau tandis qu’une large terrasse extérieure prolonge ces deux volumes pour s’évanouir dans une piscine à débordement aménagée dans un environnement boisé. Cette maison de famille accueille et protège, crée une culture commune liant le lieu, ses habitants et les invités de passage.
Texte : Annabelle Ledoux
— Retrouvez l’intégralité du Hors Série sur taad dans le numéro d’Archistorm 121 daté juillet – août !