Deux pôles réunis au sein d’un équipement
Située à proximité du campus Condorcet, dans le quartier du Landy, la Maison de l’autisme est installée au sein d’un immeuble tertiaire, 10, rue Waldeck-Rochet, achevé en 2007 par l’agence d’architecture Palissad. L’équipement dispose de 1 400 m² répartis sur deux plateaux, dont 650 m² d’accueil en rez-de-chaussée.
Ce lieu de vie, dénommé l’Atrium, est entièrement dédié aux personnes autistes, à leurs familles, qui bénéficient d’espaces d’échanges, d’un accompagnement et de conseils. Cette surface flexible est aussi amenée à recevoir divers événements.
Le second pôle, dédié aux professionnels présents sur site de manière permanente, ou aux collaborateurs occasionnels, prend place au troisième étage du bâtiment. Ce plateau loge des bureaux, des lieux de consultation, de recherches collaboratives et des salles de formation dans l’objectif de susciter une meilleure compréhension et prise en compte de l’autisme et des particularités du neuro-développement.
Transition douce avec l’espace urbain
Depuis l’extérieur, la mise en place de différents accès permet de distinguer le parcours des visiteurs de celui des professionnels, afin de ne pas croiser les flux. Le parvis végétalisé forme un garde-corps le long du cheminement balisé par une signalétique menant des extérieurs jusqu’à l’entrée principale, matérialisée par un auvent coloré de structure légère.
Le hall d’accueil est envisagé comme une jonction avec le parvis, mais marque aussi la fin d’une visite. Par la mise en place de percées visuelles, le fonctionnement de l’équipement et l’ensemble des parcours entre les différents pôles de la MDA peuvent être appréhendés. Une signalétique adaptée participe de la fluidité des lieux.
Le point information équipé de boxes privés et d’une salle de « repos sensoriel » – volume bas, capitonné et semi-clos par des rideaux – offre au visiteur la possibilité d’un temps d’adaptation. À l’image de cette salle, de multiples dispositifs finement étudiés ponctuent l’équipement, offrant de façon constante une possibilité de mise à l’écart momentanée.
Environnement propice à l’accompagnement
L’architecture de l’équipement, mise au service de ses usagers, s’applique à donner des repères à chacun. Tous les publics bénéficient ainsi, dès la première visite, d’une certaine agilité des lieux. Le parcours, le long du plateau rectangulaire, se déploie en courbes, dessinées par le travail de matériaux souples et légers, dans une visée d’aménagement à la fois pratique et apaisant. La fluidité de ces courbes annonce la continuité du parcours.
Le long des parois, des assises accompagnent le visiteur. Placées en face des ouvertures, ces cabines en bois dotées d’isolation acoustique permettent de bénéficier, à tout moment, d’une mise à l’écart volontaire. Espaces hybrides entre participation et retrait, les alcôves d’exploration sensorielle, pourvues de gradateurs de lumière et de son, ainsi que de tablettes numériques, assurent un contrôle des interactions socio-émotionnelles et des sollicitations cognitives.
Le plateau est aménagé de façon à réduire les nuisances sonores, provenant de l’extérieur, de l’intérieur ou encore des systèmes de traitement de l’air. De faux plafonds en dalles et des suspensions en mousse acoustique recouvrent les espaces techniques. Leur épaisseur réduit de surcroît la hauteur sous plafond afin de créer un environnement à échelle confortable, donc plus facile à appréhender et plus rassurant.
L’échelle du bâtiment existant se voit adaptée à celle des besoins humains.
Extraits d’interview, Emmanuelle Baboulin, membre du comité exécutif en charge du Pôle Foncière Tertiaire, Icade
Quelles étaient les motivations d’Icade dans le cadre du projet de la Maison de l’autisme ?
Tout d’abord, aider la Maison de l’autisme à s’implanter dans un territoire était une mission qui avait du sens pour Icade. Les activités de cette structure résonnent profondément avec la raison d’être et la politique RSE d’Icade. En effet, Icade a pour ambition, objectif et raison d’être de concevoir, construire, gérer et investir dans des villes, des quartiers, des immeubles qui soient innovants, connectés, à l’empreinte carbone réduite, et en même temps, inclusifs et favorisant la mixité. De son côté, la Maison de l’autisme aide et accompagne toutes les personnes concernées par ces troubles, notamment par le biais de formations, de rencontres, d’activités culturelles, artistiques et scientifiques. Ainsi, nos deux structures portent au quotidien des valeurs d’inclusivité, de partage et de diversité. Par ailleurs, la Maison de l’autisme avait besoin de locaux adaptés à ses activités, et nous avions l’intuition que le bâtiment dit « le 521 », à Aubervilliers, pouvait répondre pleinement à son cahier des charges, une fois réalisés des travaux d’aménagement.
Extraits d’interview, Anne-Sophie Brychcy, architecte, ASB Architectures et Karima Mahi, conseil en architecture et assistance à maîtrise d’usage
Quels sont les dispositifs qui répondent aux besoins sensoriels et cognitifs des usagers ?
KM : En intégrant le projet, nous avons demandé à faire intervenir une assistance à maîtrise d’usage, soit une équipe avec laquelle échanger afin d’affiner les propositions en faveur des usagers.
ASB : Les gradins ont été conçus pour intégrer le fauteuil « OTO », inventé par Alexia Audrain en partenariat avec un institut médico-éducatif. Équipés d’une fonction d’autorégulation sensorielle, ils permettent de s’asseoir parmi les autres tout en se trouvant protégé de la proximité ou des sollicitations.
KM : En ce qui concerne les déplacements, une signalétique adaptée composée de trois niveaux d’abstraction participe d’une fluidité des parcours.
ASB : Le premier niveau d’abstraction correspond aux objets en trois dimensions, le deuxième à l’image 2D (pictogrammes et maquettes du bâtiment), et le troisième à l’écrit. ⁕
Texte : Cléa Calderoni
Visuel à la une : Photo © Luca Nicolao
— retrouvez l’article sur La Maison de l’autisme, Aubervilliers, ASB Architectures dans Archistorm 122 daté septembre – octobre 2023 !