Le Colisée, situé à Chartres dans le département d’Eure-et-Loir en région Centre-Val de Loire, est une aréna inaugurée en 2024. Alors que Chartres métropole souhaitait disposer d’une salle capable d’accueillir des événements importants avec une capacité adéquate, ce complexe modulable a été conçu pour accueillir non seulement des concerts et spectacles, mais également des manifestations sportives.
« L’inauguration du Colisée marque une étape décisive dans l’histoire de Chartres métropole. Ce complexe culturel et sportif, situé au cœur de l’agglomération, atteste tant de l’attractivité que du rôle moteur de Chartres métropole sur le territoire eurélien. »
Jean-Pierre Gorges, maire de Chartres, président de Chartres métropole
Le Colisée, aréna en cœur de ville
Inauguré à Chartres en 2024, le Colisée est un équipement public à la fois culturel et sportif, qui répond aux besoins croissants de la communauté métropolitaine regroupant 66 communes, et permet à plus de 140 000 habitants de bénéficier d’une vaste salle de spectacles au centre-ville.
Sur le plan culturel, les différents équipements déjà présents sur le territoire ne permettaient pas d’organiser des manifestations de grande envergure dans des conditions optimales. Ainsi, Chartres métropole a souhaité disposer d’une salle capable d’accueillir des événements importants avec une capacité adéquate. Sur le plan sportif, les équipements existants étaient également insuffisants pour répondre aux besoins croissants des équipes locales et ne respectaient plus les normes des fédérations.
Construit sur une ancienne friche industrielle ferroviaire et intégré au projet de requalification urbaine du site multimodal Pôle Gare, l’équipement devient l’un des pivots du centre-ville de Chartres, à la fois connecté au réseau SNCF et aux mobilités urbaines de proximité. Ainsi, le Colisée est directement relié à la gare par une passerelle, mais aussi accessible via les mobilités douces, ou en voiture par un parking souterrain.
« Le Colisée se distingue par sa modularité complète, lui permettant de s’adapter à diverses configurations et capacités. Avec le Colisée, nous entrons dans une nouvelle dimension. Il est ultramoderne et intègre tous les équipements nécessaires pour que nos sportifs et leurs supporters s’épanouissent, et que les têtes d’affiche y performent. De forme ovale, l’intérieur de la salle offre une visibilité optimale à tous les spectateurs, quelle que soit la configuration choisie. »
Karine Dorange, vice-présidente déléguée aux Grands équipements d’intérêt communautaire
Relation entre l’équipement et la ville
La volumétrie de l’édifice découle de la topographie naturelle du terrain, avec, au nord, la présence marquée du plateau de Mainvilliers, et au sud, la vallée du Couasnon qui s’étend jusqu’au promontoire de la cathédrale. Semi-enterré, le bâtiment respecte la limite des 17 mètres de haut imposée par le PLU. L’horizontalité de l’édifice renforce l’intégration paysagère et participe à la mise en scène du projet architectural.
L’organisation générale du site découle des différentes composantes urbaines. Le dessin de l’édifice répond à une conception « recto-verso » conçue pour s’intégrer harmonieusement à la jonction de l’entrée et du centre-ville, du pôle multimodal et du quartier résidentiel adjacent.
En relation ouverte avec la ville, la volumétrie de l’édifice est traitée à l’échelle du paysage et de la silhouette générale du quartier pour intégrer la couture urbaine. La façade nord s’insère de façon discrète dans la topographie du site. En contraste, la façade principale, orientée vers la ville et ouverte sur un vaste parvis dégagé, se distingue par sa forme courbe entièrement vitrée. Cette forme dynamique crée un effet signal distinctif.
La toiture, conçue comme un jardin de 4 300 m² agrémenté d’une promenade en pente douce, s’inscrit dans la continuité de l’esplanade et prolonge ainsi l’espace urbain tout en offrant des points de vue sur la ville historique. Ce belvédère piétonnier surplombe le quartier de la gare et permet d’admirer les flèches de la cathédrale, édifice structurant de la ville.
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Entretien avec Alexandre Franc, architecte associé, Groupe-6 architectes
Comment avez-vous saisi l’opportunité de ce projet pour transformer l’entrée de ville de Chartres en direction de Mainvilliers ?
La question était de créer une aréna intégrée dans la ville qui devienne un véritable atout pour ce nouveau quartier : cette implantation a influencé sa forme, son insertion dans le tissu urbain et la répartition des flux. Nous avons conçu un bâtiment paysage « recto-verso », sans façade arrière ni parking – la cour logistique ayant été intégrée dans la « topographie » du site – mettant en valeur la cathédrale depuis le toit-belvédère, tandis que la façade vitrée attire les flux depuis le centre-ville.
Pour nous assurer de la bonne intégration dans le site, nous avons réalisé de nombreux essais en maquettes à une échelle urbaine incluant la cathédrale, afin de tester la volumétrie et dégager des perspectives depuis différents points de vue périphériques.
La passerelle de la SNCF, inaugurée en 2020, complète judicieusement l’équipement en le connectant directement à la gare. Elle rétablit les continuités piétonnes entre le centre-ville et Mainvilliers, transformant le trajet qui longe la façade du Colisée en une promenade urbaine plus agréable, parfaitement intégrée au réseau de transports publics, et directe pour les piétons et les cyclistes. À l’origine, la friche SNCF était imperméable et impraticable. L’implantation du projet a transformé cet espace en un lieu accessible et poreux, qui s’intègre ainsi dans un parcours urbain revitalisé le reliant au parking et aux gares routière et ferroviaire.
En réalité, cette réflexion sur l’intégration englobe également la notion de temporalité : que se passe-t-il lorsque le Colisée n’accueille pas d’événements ? Il s’agit d’une problématique récurrente pour de nombreuses arénas situées en périphérie, souvent entourées de vastes parkings, créant des zones urbaines le plus souvent délaissées. En glissant la salle principale sous un mouvement topographique formant un grand jardin, nous avons créé un véritable espace public où les habitants peuvent se retrouver, un espace propice à la lecture, ou encore à la course à pied.
Entretien avec Raphaël Barré, directeur de projet, Briand
Quel a été votre rôle tout au long de ce projet ?
Le groupe Briand, par l’intermédiaire de ses différentes filiales, a joué un rôle clé dans la réalisation et la construction de ce projet majeur pour la métropole chartraine.
Garant de la réussite du chantier, j’ai occupé le poste de directeur de projet de novembre 2020 à mars 2024. À l’image d’un chef d’orchestre, mon rôle consistait à faire le lien entre les demandes externes et les besoins internes de production, gérés via l’organisation de réunions hebdomadaires, j’étais le principal contact pour la Ville de Chartres, ainsi que pour la maîtrise d’œuvre et les autres intervenants extérieurs tels que les bureaux de contrôle ou les coordinateurs SPS notamment.
En interne, j’ai également veillé au fonctionnement d’ensemble et à la coordination des équipes de production pour assurer le bon déroulement et le respect des délais du chantier. Mes responsabilités concernaient tous les corps d’état. Elles incluaient le suivi des études, le choix des entreprises sous-traitantes et des bureaux d’études, ainsi que l’élaboration et le suivi du planning d’exécution.
Le chantier est intégré à un projet d’aménagement urbain, comment avez-vous organisé la coordination avec les chantiers adjacents ?
Pour coordonner les travaux avec les chantiers voisins, des réunions mensuelles étaient organisées par la SPL avec l’ensemble des intervenants de la ZAC, afin de synchroniser les plannings d’avancement, de gérer les libérations d’emprise de terrain et, pour nous, d’organiser les rapports avec les chantiers autour de la parcelle du Colisée.
Le projet du Colisée, initié en 2012 et dont les premiers permis de construire ont été déposés en 2015, a finalement débuté en 2020. Ce décalage a généré des contraintes de calendrier non prévues à l’origine, car le projet aurait dû être terminé avant le démarrage d’autres chantiers adjacents. Les principaux travaux à proximité incluaient la construction d’un parking enterré, la réalisation de voiries et l’établissement des liaisons avec le pôle d’échange multimodal.
Malgré les nombreux points d’interface à gérer, la collaboration entre les différentes entités s’est avérée efficace et constructive.
Fiche technique :
Maîtrise d’ouvrage : Chartres métropole
Maîtrise d’œuvre : Groupe-6
Intervenants : Alphametal, Briand Construction, Briand Métal, Design & Build
Entreprises : Edeis (BET TCE), Elioth (BET façades), Groupe-6 (économie), APIA (acoustique), MAS EA Consultants (scénographie)
Surface : 14 500 m2
Capacité : 4 200 places
Budget : 55 M€
Programme : Équipement culturel et sportif
Texte : Cléa Calderoni
Toutes les photographies sont de : © Michel Denancé
— Retrouvez l’intégralité de l’article dans archistorm 128 daté septembre – octobre 2024