Fasciné par l’âme des objets et toutes les dimensions de leur influence sur l’individu, je suis très attaché aux rapports entre l’être humain et son environnement. Nos meubles deviennent familiers, nous vivons quotidiennement avec, ils deviennent des « meubles de compagnie ».
A cet égard la surface des créations est toujours l’objet d’un questionnement et d’une recherche particulière. Comment le matériau prend la lumière ? Comment le matériau vibre ? Quel est le touché de la matière ?
J’ai découvert le parchemin dans les créations de Jean-Michel Frank et cela a été un coup de foudre. Depuis, cette matière ne cesse de me fasciner et j’ai mené beaucoup d’expériences pour en apprivoiser les possibilités, en retrouver des usages perdus :
- Écologique, c’est un cuir non tanné,
- Surface d’écriture avant le papier,
- Matériau extrêmement solide, il servait à habiller des valises, des nacelles de dirigeable ou des boucliers médiévaux,
- Matériau transparent qui habille la lumière d’une teinte chaude,
- Douceur incroyable,
- Mise en tension et vibration pour l’usage en tambour,
- Vibration de la pilosité et du système vasculaire de l’animal.
J’entretien avec le parchemin une relation particulière qui renforce la dimension tactile que je souhaite donner à mon travail : Comment le produit vous touche et comment vous touchez le produit ? L’accent est ici mis sur l’intime, la caresse.
Poussant au bout cette idée, j’ai utilisé des peaux de chèvres pour leur douceur et leur transparence.
L’idée d’un animal est aussi celle d’une surface sans coutures, j’ai travaillé par pliage pour recouvrir totalement les surfaces de Tam- table, à la fois instrument et table basse, et du fauteuil Ilona.
Le parchemin est un pelage qui habille mes formes d’une sensualité vivante. La matité ivoire est hypnotique.
Texte : Franck Genser
Visuel à la une : Table Vésuve