Hugo Guénand Dalby, un étudiant franco-norvégien, s’est distingué en devenant le major de l’école Penninghen en 2023. Son projet novateur intitulé « Utøya, le regard d’une île » est bien plus qu’une simple création architecturale. C’est un récit qui rend hommage à la vie après le 22 juillet 2011. Avec cette initiative, Hugo célèbre la résilience et l’esprit de la Norvège et de ses habitants. Son concept de voyage insulaire invite les spectateurs à plonger dans une expérience immersive, les transportant au cœur d’Utøya pour une exploration inspirante de la vie et de la reconstruction.
12 ans plus tard, Utøya et la Norvège appellent à la rémission. La venue sur Utøya doit être vécue pleinement. L’architecture découverte n’est pas à part, elle fait partie intégrante de l’île. Les perceptions du lieu varient en fonction des visiteurs et le voyage insulaire peut être vécu tel un pèlerinage ou n’être qu’un simple lieu de passage. C’est à la fois un lieu d’échanges ouvert à tous types d’expressions artistiques, à la contemplation, au recueil et à la méditation. Nous ne parlons pas d’un mémorial mais d’un hommage à la vie.
« En arrivant sur les lieux, je trouve une pierre fine en granite reprenant approximativement les contours de l’île. Je la garde précieusement et me dis que c’est un signe. Cette pierre représente l’île, la Nature dans son intégralité. Le jour du départ de l’île, la pierre s’était fissurée. C’est à ce moment précis que j’ai su que cette pierre ferait partie intégrante du futur projet à Grisebukta. Utøya me disait au revoir. Je lui rendis la politesse et lui dis à voix basse : Ha det »
Le visiteur est libre de son parcours. Chacun peut faire le choix de contourner ou traverser l’édifice. La pierre brisée est une scène flottante composée de 133 composants différents de béton translucide sur 3 niveaux, reprenant le contour de la pierre de granite. Dans 14 d’entre eux sont coulés des poteaux en béton armé qui constituent une partie de l’ossature. Chaque face est unique. L’orientation, la composition et l’opacité sont distinctes pour chacun des composants. Ce matériau possède les mêmes propriétés que le béton brut mais n’y ressemble physiquement pas.
En son foyer, l’espace est divisé en deux parties distinctes. La jonction est représentée par la fissure de la pierre au sol. Le visiteur a la possibilité de déambuler où bon lui semble. La trame du sol, identique à celle du plafond, est en sur-épaisseur de façon aléatoire, incitant au mouvement. Le plancher peut ainsi se transformer en estrade suivant le désir de l’hôte.
Les perceptions du lieu varient selon les visiteurs et cela incite à une réappropriation personnelle. L’espace vit grâce à la volonté unique de chacun. La Nature, l’Humain et l’Histoire s’unissent harmonieusement.
Avec le soutien de l’équipe de Utøya, Cook Haffner Architecture et Anthony Fitoussi, Professeur dans la filière de l’architecture intérieure à Penninghen.
Texte : Hugo Guénand Dalby
Visuel à la une : Utoya